Expositions 2012–2024
- Yoshimi Katahira
- il y a 14 minutes
- 2 min de lecture
Après avoir commencé à animer des ateliers et des stages de manga, on m’a proposé d’exposer mes dessins afin de montrer au public les planches originales.

Comme j’avais complètement arrêté de dessiner depuis près de dix ans, je n’étais pas très enthousiaste à cette idée au départ.
Un jour, une discussion avec des enfants m’a fait réfléchir.
Ils percevaient le manga d’une manière différente de la mienne.
En leur parlant, j’ai compris pourquoi : nous ne partagions tout simplement pas les mêmes références littéraires.
L’art occidental puise souvent dans la mythologie grecque ou la Bible, alors que le manga s’inspire en grande partie de la mythologie japonaise et des contes traditionnels.
J’ai alors décidé de réaliser l’un des contes populaires japonais les plus connus : le conte de la Grue.
Mon objectif était d’inviter le public à découvrir une des racines du manga, à travers ses personnages et ses structures narratives.
Mais je ne voulais pas le représenter sous le format classique du manga, avec des cases et des bulles.
J’avais rencontré beaucoup de personnes qui avaient du mal à lire les mangas à cause du sens de lecture japonais.

C’est pourquoi j’ai opté pour une approche inspirée du Kamishibai, une forme de théâtre de papier japonais qui utilise des images pour raconter des histoires, un format particulièrement adapté à l’exposition.
À la demande des organisateurs, j’ai peu à peu ajouté d’autres contes.
J’ai aussi créé des illustrations en couleur liées à l’univers du manga et du dessin animé japonais, que beaucoup associent naturellement.

Depuis ma première présentation du conte de la Grue en 2014, j’ai créé cinq contes et quatre mythes japonais, que j’ai exposés plus d’une vingtaine de fois jusqu’en 2024.
En préparant ces expositions, un souvenir m’est revenu avec force : celui de mes années, à la fin des années 90 et au début des années 2000, comme assistante d’un auteur de manga au Japon.
Je me souviens de la première fois où j’ai vu des planches originales dessinées à la main, sur du papier professionnel.
C’est cette émotion d’origine que j’ai voulu transmettre à travers mes expositions :
la beauté du trait, la finesse des détails, la puissance du noir et blanc, les retouches à la gouache blanche…
Tout disparu, lors de l’impression de ces planches, m’avait profondément émue.
Pour créer ces œuvres, j’ai volontairement utilisé les techniques traditionnelles du manga, comme le nawaami ou le kakeami, des techniques de hachures croisées presque oubliées à l’ère du numérique.

C’était ma manière de rendre hommage à l’histoire du manga et à celles et ceux qui l’ont façonnée.
Enfin, en choisissant le cadre de l’exposition, un lieu souvent fréquenté par des personnes qui ne lisent pas manga, j’ai voulu créer un pont.

J’ai pensé chaque œuvre comme une porte d’entrée accessible, où l’on peut ressentir la poésie visuelle, la richesse narrative et l’héritage culturel du manga, même sans en connaître les codes.
C’est là que mon parcours d’artiste a pris une dimension nouvelle et profondément personnelle.
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